ARCHÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE : Fabrication d'une aiguille à chas en bois de renne.
Remarque préalable :
Les aiguilles à chas paléolithiques sont en os, en bois de cervidés, ou en ivoire.
Mais l'identification de la matière utilisée, en particulier, la distinction entre os et bois, est délicate, et ne serait possible que par prélèvement d'une partie de l'aiguille.
"Or l'amputation, même très limitée, de la totalité des objets à étudier est inconciliable avec la conception muséographique traditionnelle. Nous sommes donc dans l'impasse en ce qui concerne l'identification du matériau" (Stordeur-Yedid, 1979)
"L'utilisation des diaphyses d'os longs et des bois de renne pour la fabrication des aiguilles est confirmée, indirectement, par l'existence de « nucleus osseux » ou « matrices d'extraction »" (Stordeur-Yedid, 1979).
Réalisation : Bernard Ginelli (
La Caverne Du Tailleur De Silex)
► Débitage de la baguette :Cette opération consiste en l'extraction d'une languette à partir d'une matrice à l'aide d'instruments en silex.
• Dans un premier temps, une
ébauche est réalisée avec une lame de silex : le sillon délimite les contours de la forme à détacher.
• Il faut ensuite procéder à l'
approfondissement de la gravure du contours : "à mesure que la rainure [s'approfondit], l'opération se [fait] plus facile" (Stordeur-Yedid, 1979).
Burin utilisé :
• Une fois la corticale du bois de renne ou le canal médullaire de l'os atteint, on peut réaliser le
détachement de la baguette par des mouvements de levier.
► Affinage de la baguette :La baguette ainsi détachée doit être façonnée.
• On peut réaliser le
polissage en faisant pivoter la pièce contre un morceau de grès.
• L'une des pointes est écourtée pour donner la forme générale de l'aiguille. L'autre pointe est taillée par raclage, tout autours de l'objet, par un nombre variable de facettes convergentes.
• Puis l'aiguille est à nouveau polie sur une meule en grès humidifiée.
► Forage du chas :
Dans un premier temps,
la surface doit être préparée par raclage, puis une rainure préalable au percement du chas permet de localiser le lieu du percement avec précision sur les deux faces.
Le chas est ensuite percé ;
plusieurs techniques, isolées ou combinées, ont pu pu être utilisées. → Perforation par enlèvements concentriques : perforation par pression.
La dépression créée par la rainure préalable permet l'enlèvement de particules avec la pointe d'un perçoir ou l'angle d'un burin très aigu : en appuyant légèrement, on détache des éclats en forme de lunule.
→
Perforation par rotation circulaire.
Le chas est percé par forage en faisant pivoter une pointe sur l'une et l'autre face. Les deux trous, coniques, finissent par se rejoindre pour former le chas.
Cependant, si cette technique est aisément réalisable sur le bois de renne, ce n'est pas le cas avec l'os (le perçoir se casse).
→
Approfondissement de la rainure d'attaque. La rainure préalable est approfondie par sciage longitudinal, puis le forage par rotation prend le relais.
► Affinage de l'aiguille :
Pour finir, il suffit de façonner la tête et de réaliser le façonnage final de l'aiguille. Ceci peut-être fait par raclage ou par polissage.
(in Stordeur-Yedid, 1979)► BILAN : Bois de renne initial et aiguille terminée (noter la perte de matière) :