EXEMPLE DU MAGDALÉNIEN DE LA GROTTE-ABRI DU MOULIN (HAUTES-PYRÉNÉES).
D'après COSTAMAGNO (S.), 2001 : Mobilité, territoires de chasse et ressources animales au magdalénien final en contexte pyrénéen : le niveau 7A de la grotte-abri du Moulin, Troubat, Hautes-Pyrénées.
in : JAUBERT (J.), BARBAZA (M.), Territoires, déplacements, mobilité, échanges durant la Préhistoire. Terres et hommes du Sud, Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 126è, Toulouse, 2001.
La grotte-abri du Moulin se situe dans un massif calcaire de la bordure septentrionale des massifs nord-pyrénéens, à 541 m d'altitude. Fouillée depuis 1986 par M. Barbaza, la grotte comporte entre-autre un niveau daté du Magdalénien final dont le matériel osseux est relativement riche.
► Renseignements fournis sur le biotope du site.Dans le niveau magdalénien,
11 taxons ont été identifiés.
Fréquence relative des groupes écologiques de grands mammifères, abri du Moulin, Hautes-Pyrénées. Le Bouquetin et le Chamois représentent environ 44% du gibier chassé. Cette abondance de
faune montagnarde n'est pas étonnante étant donné l'emplacement du site.
Les herbivores de milieu boisé correspondent à plus de la moitié des animaux abattus. La présence du Chevreuil et du Sanglier, en quantité non négligeable, indique la mise en place, dès cette période, de conditions climatiques tempérées.
► Transport des carcasses.L'étude des ossements de Cerfs, de Bouquetins, de Chamois et de Chevreuils (les quatre espèces les plus représentées sur le site) montre que les seules portions squelettiques absentes du site concernent le squelette axial post-crânial, c'est à dire les vertèbres et les côtes, dont la disparition est probablement liée à un problème de conservation différentielle, plutôt qu'à un abandon sur le site d'abattage.
En effet, le squelette axial contient une grande quantité de viande : "le décharnement de la colonne vertébrale, en raison de son fort investissement en temps, ayant peu de chance de se dérouler directement sur le site d'abattage, l'abandon systématique du squelette axial est donc peu probable".
Aussi peut-on conclure que "
les carcasses étaient majoritairement introduites entières sur le site, même si, au préalable, elles pouvaient être découpées sur le site d'abattage".
► Bilan.→ On note d'autre part que toute une gamme d'activités semblent s'être déroulée sur le site : tannage des peaux, confection d'outillage osseux, boucherie et consommation des carcasses, ce qui montre que
le site devait être occupé durant des périodes relativement longues.
→ Le fait que les carcasses des quatre principaux ongulés aient été introduites entières indiquent que les territoires de chasse étaient relativement proches du camp résidentiel, ce qui permet à S. Costamagno de formuler deux hypothèses quant aux territoires de chasses exploités :
• le groupe a exploité un seul territoire de chasse dans lequel auraient coexisté espèces montagnardes et espèces de milieu boisé, le site étant alors situé dans un environnement mixte ;
• le groupe a exploité
deux territoires de chasse, l'un en amont (chasse aux bouquetins et aux chamois), l'autre en aval (chasse aux cerfs et aux chevreuils), le site étant dans ce cas situé à l'interface de deux milieux, l'un forestier et l'autre montagnard.
Cependant, l'étude des ossements ayant montré que les carcasses étaient transportées entières, la première hypothèse semble être la plus probable.
S. Costamagno estime que la surface du territoire parcouru quotidiennement dans le but d'acquérir des ressources est probablement supérieure à 13 km² (si l'on admet comme valeur minimale parcourue par jour une distance de 2 km).
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