~ QUELQUES PARCELLES DE PALÉOLITHIQUE ~

Le Solutréen : une culture de chasseurs paléolithiques du dernier maximum glaciaire, il y a 20 000 ans.

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    Les interprétations de l'art paléolithique.

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    Message par Danelle Mar 13 Oct - 22:23

    LES INTERPRÉTATIONS DE L'ART PALÉOLITHIQUE.








    « Des mythologies inconnues mettant en scène des êtres supra-naturels, aux pouvoirs magiques et habitant un monde invisible, sont des abstractions sous-jacentes
    qui se projettent vers nous au travers de l'art.




    Mais saurons-nous encore lire ce message venu du fond des temps ? »

    (Chaline, 2000).







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    Message par Danelle Mar 13 Oct - 22:24

    ► L'art pour l'art.





    Les pionniers de la recherche préhistorique, comme Lartet et Christy en Périgord, ou encore Piette dans les Pyrénées, pensaient que les hommes préhistoriques avaient le sentiment inné du Beau, et que, les progrès techniques leur laissant plus de temps, ils occupaient leurs loisirs à l'art de graver et de sculpter.


    L'objection majeure à l'encontre de cette théorie réside dans le fait que ces dessins se trouvent souvent au fond de grottes plus ou moins facile d'accès. Pourquoi s'exprimer esthétiquement dans des lieux aussi retirés ?
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    Message par Danelle Mar 13 Oct - 22:29

    ► La magie de la chasse.
     
     


    A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, une nouvelle explication est proposée par S. Reinach, théorisée par le comte Bégouin et vulgarisée par Cartaillac et l'abbée Breuil. L’opinion de l’abbé Breuil est alors décisive : en effet, "pour avoir relevé la plupart des peintures des sites connus, [ce dernier] était certainement à l'époque celui qui connaissait le mieux l'art rupestre" (Clottes, 2000).
     
    L'abbé Breuil estime que la préoccupation primordiale des hommes du Paléolithique est "que le gibier foisonne, qu'il procrée et qu'on en tue beaucoup" (Breuil, 1974). Aussi, "H. Breuil interprète[-t-il] l'art pariétal comme symbolique de la magie de la chasse. On représente l'animal que l'on perce de flèches ou que l'on couvre de mains négatives pour se l'approprier" (Chaline, 2000).
    Les chasseurs préhistoriques auraient ainsi considéré que l'image possédait un pouvoir très puissant : celui de se substituer à la réalité et d'influer sur elle.
     
    La magie de la chasse possède deux corollaires : la magie de la fécondation qui doit permettre aux troupeaux de se reproduire, et la magie de la destruction qui s'applique aux animaux nuisibles non chassés. Cet ensemble avait pour objectif de favoriser les chasseurs.
     


    Cette théorie a été admise pendant plus d'un siècle. Cependant, le nombre des animaux représentés ne correspond pas la proportion des espèces chassées.


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    Message par Danelle Mer 14 Oct - 7:22

    ► Le totémisme.





    Le totémisme correspond à la croyance que le clan est issu d'un ancêtre mythique, animal ou plante.

    L'historien d'art M. Raphael, voit dans le plafond de la grotte d'Altamira (Espagne) l'affrontement de deux clans : celui du bison et celui de la biche. Mais dans ce cas, "les représentations animales devraient être stéréotypées : quel que soit l'auteur, on devrait toujours retrouver la même représentation" (Clottes, 2000).


    Le totémisme "ne fut jamais invoqué avec insistance", d'autant que les thèmes animaux sont "trop répandus dans les grottes et  sur les objets pour pouvoir désigner tel ou tel clan" (ibid).
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    Message par Danelle Mer 14 Oct - 7:28

    ► L'interprétation structuraliste.





    A. Leroi-Gourhan considère que l'art pariétal est "non pas un tableau de chasse ou un catalogue de faune, mais le résultat d'un choix de créatures pertinentes au regard d'un idéologie" (1992c). En effet, les espèces animales représentées ne correspondent pas statistiquement aux ossements issus de l'alimentation : ainsi le renne est très peu représenté dans l'art pariétal, alors qu'il correspond le plus souvent aux déchets alimentaires les plus nombreux.
    "Il faut donc comprendre pourquoi ces gens avaient des rennes dans l'estomac mais des bisons dans la tête" (Conkey, 2000).





    Pour Leroi-Gourhan et Laming-Emperaire, l'analyse des représentations rupestres montre que les animaux n'étaient peints ni n'importe où, ni n'importe comment : les grottes posséderaient une syntaxe.
    Ainsi, la répartition des animaux dans les grottes n'est pas aléatoire : Leroi-Gourhan (1992c) distingue les "animaux centraux" (bisons, chevaux, mammouths, bœufs),les "animaux de fond" (ours, lions, rhinocéros), et les "animaux latéraux" (cerfs, bouquetins).


    D'autre part, certains animaux reviennent plus souvent en couple, comme le cheval et les bovidés. Leroi-Gourhan y voit deux principes antagonistes et complémentaires : une association binaire symbolique (bison/femelle — cheval/mâle), complétée par un couple renne-cerf, et un élément isolé, le bouquetin.
    La caverne aurait elle-même une signification féminine, les stalactites une signification mâle.




    Ainsi, selon Leroi-Gourhan, "les hommes allaient dans les grottes pour construire des sanctuaires avec une idée préconçue de ce qu'ils devaient être" (Clottes, 2000),
    ces ensembles correspondant à des mythes dont nous ne connaissons rien.









    → Vers la fin de sa vie, Leroi-Gourhan est revenu sur cette idée de dualité sexuelle, mais sans remettre en cause l'idée de la structuration des grottes et l'existence de deux forces complémentaires ou opposées.
    → Il faut aussi noter que les associations d'animaux proposées par A. Leroi-Gourhan et A. Laming-Emperaire seraient contredites par les nouvelles découvertes dans la grotte de Chauvet.
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    Message par Danelle Mer 14 Oct - 7:32

    ► L'interprétation chamanique.






    Cette interprétation a été proposée en 1965 par S. Giedon dans son ouvrage La naissance de l'art , puis reprise par par Lewis-Williams en Afrique du Sud au cours des études qu'il a mené sur l'art des San (peuple qui habitait l'Afrique du Sud bien avant l'arrivée des premiers colons blancs), ainsi que par Clottes (Clottes et Lewis-Williams, 2001).

    Tout d'abord, qu'est-ce que le chamanisme ?
    Chaline (2000) le décrit comme "un comportement pratiqué par certains hommes, ou femmes, qui cherchent à atteindre un état second de la conscience, l'hallucination ou l'extase, et l'impression d'être réellement transformé en animal particulier". Le chamane devient alors un intermédiaire avec le monde des esprits.
    Cette pratique a été décrite à plusieurs reprises, en Asie, en Amérique centrale et du Sud, chez les Indiens d'Amérique du Nord, en Afrique du Sud et en Australie.

    "Ce sont donc des pratiques communes chez les populations de chasseurs-cueilleurs récentes". Il est en effet intéressant de souligner que "les peuples de chasseurs-cueilleurs qui subsistent de nos jours sont presque tous des peuples à tradition chamanique" (Chaline, 2000).



    La grotte représenterait alors "un monde des esprit, des ancêtres, des morts, des dieux", et la paroi rocheuse "un lieu privilégié de contact avec les esprits des animaux" (Clottes, 2000).

    D'autre part, s'appuyant sur une thèse de Médecine de Fenies (1965) Pathologie de la spéléologie, J. Clottes considère la grotte comme un milieu hallucinogène favorable, en particulier en raison du froid ; il pense donc que "les grottes avaient un double rôle : substitut physique au monde des esprits et milieu hallucinogène propice" (Clottes, 2000).




    J. Clottes conclue :
    « Je crois que si j'avais un mot à employer pour l'art paléolithique, j'emploierais le mot POUVOIR.
    Les hommes se rendaient dans les cavernes pour capter le pouvoir des animaux qui étaient leurs divinités, leurs Esprits » (2000)




    .


    Dernière édition par Danelle le Dim 8 Nov - 19:08, édité 1 fois
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    Message par Danelle Mer 14 Oct - 7:36

    ► Bilan.




    La signification de l'art paléolithique restera sans doute floue : "on peut espérer s'en approcher, mais même si on parvenait à bien connaître le contexte de l'époque,
    cela ne suffirait pas à lever toute ambiguïté sur la signification des œuvres"
    (Conkey, 2000).



    "En fait, toutes les tentatives d'interprétation semblent pécher par un excès de systématique. [...] On peut se demander si chacune de ces interprétations n'est pas partiellement valable et si lors de l'exécution des œuvres ne se mêlaient pas, dans l'âme de l'artiste des sentiments que notre esprit isole artificiellement" (ibid.).








    G. Sauvet ("Le problème de la détermination", in  L'art pariétal paléolithique, 1993) rapporte que E. Panofsky (Essais d'iconologie, 1962) estime que l'analyse d'une œuvre d'art comporte 3 étapes : une phase pré-iconographique qui permet d'identifier les "motifs artistiques" ; puis l'identification des motifs figurés (signifié conventionnel de l’œuvre) ; enfin, l'interprétation symbolique des motifs (signifié intrinsèque).
    Or l'archéologue qui étudie les œuvres paléolithiques ne peut guère espérer connaitre leur signifié intrinsèque, qui est "profondément enraciné dans des traditions culturelles qu'aucun «paléo-ethnologue» ne nous révèlera jamais" (Sauvet, 1993).





    "La part que la grotte ornée tenait dans l'existence des Magdaléniens et des Solutréens et dans leur système économique et culturel ne saurait être évalué sans une meilleure compréhension des modes de vie au sens le plus large. Les progrès techniques des fouilles et surtout le changement des bases théoriques de la recherche, orientée actuellement vers le paléo-environnement et la paléo-économie, renouvellent peu à peu notre perception de l'univers Paléolithique dans son ensemble, et, par voie de conséquence, de la place et du rôle des grottes ornées" (Clottes, in  L'art pariétal paléolithique, 1993).

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