HYPOTHÈSES D'AGENCEMENT DES BLOCS.
► Pendant longtemps, la majorité des auteurs ont admis, à la suite du Dr Henri-Martin, que l'art du Roc-de-Sers était un «art sur blocs». Ainsi, H. Delporte écrit en 1988 : "les blocs décorés du Roc-de-Sers ne sont pas solidaires de la paroi et il semble qu'ils ne l'ont jamais été. Il ne s'agit donc pas d’œuvres pariétales et la reconstitution reste hypothétique" (L'art préhistorique, Dossiers Histoire et Archéologie, 1988, n° 131).
Dans cette hypothèse, les blocs se sont détachés du front rocheux lors du démantèlement naturel de la paroi, puis ont été sculptés et agencés ultérieurement par les solutréens ayant occupé le site. Ils auraient alors disposé les blocs sur des socles, au fond de l'abri, formant une sorte de "gradin d'art par juxtaposition des blocs sculptés [...] pouvant se réagencer par permutation" (Bouvier, L'art solutréen et magdalénien, Dossiers Histoire et Archéologie, 1988, n°131).
Musée des Antiquités Nationales.
► Cependant, S. Tymula soutient l'hypothèse de S. de Saint-Mathurin (1975) selon laquelle les blocs du Roc-de-sers sont les fragments d'une frise sculptée démantelée par l'effondrement de l'abri sous-roche.
Tymula s'appuie sur plusieurs arguments :• d'une part, l'analyse stratigraphique de l'abri montre que le démantèlement de l'abri n'a débuté que durant l'occupation du site par les solutréens, voir même peu de temps après son abandon ;
• d'autre part, l'hypothèse de blocs transportés à cet endroit n'est pas envisageable : en effet, certains de ces blocs, par exemple le bloc AB qui pesait plus de 2 tonnes avant son équarrissage, ne sont pas transportables, sauf avec des moyens modernes de levage ;
• enfin, dans le cas le blocs agencés au fond de l'abri, la couche archéologique devrait s'arrêter au pied des blocs, alors qu'en réalité, elle se poursuit jusqu'à la paroi rocheuse, sous les fragments sculptés.
Pour S. Tymula, "la nature pariétale de ces éléments est désormais attestée" (Tymula, 2002).Ainsi, pour S. Tymula, "les données chronostratigraphiques confrontées à l'observation topographique du site permet d'envisager l'existence d'une structure fondamentale et homogène, dont l'extension est estimée à une dizaine de mètres environ" . Pour elle, "le décor se poursuivait au-delà du cadre formel des fragments et l'espace graphique originel était plus important, occupant en partie ou en totalité le fond de l'abri" (ibid.).
→ Frise du Roc-de-Sers selon la reconstitution de S. Tymula.
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Dernière édition par Danelle le Jeu 7 Avr - 7:27, édité 2 fois