EXEMPLE DU NORD-EST DE L'AQUITAINE AU SOLUTRÉEN.
D'après CASTEL (J.-C.), CHADELLE (J.-P.) et GENESTE (J.-M.), 2001 : Nouvelle approche des territoires solutréens du Sud-Ouest de la France.
in : JAUBERT (J.), BARBAZA (M.), Territoires, déplacements, mobilité, échanges durant la Préhistoire. Terres et hommes du Sud, Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 126è, Toulouse, 2001.
Les auteurs se sont penchés sur différents sites solutréens de la façade atlantique de la France.
Sites d'habitat solutréens de l'Ouest du Massif Central (cercles gras).
Gisements dont les restes osseux sont bien conservés :
1. Le Placard ;
2. Le Fourneau-du-Diable ;
3. Combe-Saunière ;
4. Badegoule ;
5. Laugerie-Haute ;
6. Les Jamblancs ;
7. Grotte XVI à Cénac ;
8. Pech-de-la-Boissière ;
9. Cuzoul de Vers ;
10. Les Peyrugues ;
11. Sainte-Eulalie.
► Malgré la petite taille de l'échantillon, de grandes tendances dans la distribution des ongulés au Solutréen sur la bordure sud-ouest du Massif Central peuvent être observées.→ Le
Renne domine toujours largement, sur l'ensemble des sites, en nombre d'individus, mais aussi en quantité de viande fournie.
Pour les autres espèces exploitées localement, une zonation latitudinale peut être observée :→ Dans le sud de la zone étudiée, le
Cheval et l'
Antilope saïga sont absents, alors qu'on trouve des
Bouquetins.
→ Le
Chamois se rencontre plus au nord que le bouquetin.
→ Le
Cerf n'est présent que dans la partie centrale.
Répartition des ongulés durant le Solutréen à l'Ouest du Massif Central.Le
Renne, présent partout, n'est pas figuré.
L'
Antilope saïga est présente au Nord.
Le
Cheval est présent au Nord et au Centre.
Le
Bouquetin est présent au Sud.
Le
Cerf est présent dans la partie centrale.
Le
Chamois n'est présent que dans trois sites : Combe-Saunière, la grotte XVI et le Couzoul de Vers.
► Néanmoins, ces répartitions des ongulés obtenues à partir de la présence des ossements dans les sites étudiés sont à prendre avec précautions.• L'aire de répartition du bouquetin peut être appréhendée à partir du relief : cette espèce vit de préférence dans les milieux escarpés. Aussi est-il envisageable de le retrouver dans des zones comprises entre 200 m et 500 m d'altitude (500 m correspondant à la limite supérieure de présence de végétation il y a 20 000 ans). Le bouquetin devrait donc être présent dans tous les sites étudiés. Cependant, la distribution observée ne correspond pas : en effet, le bouquetin semble absent de l'environnement solutréen au nord de la Vézère, où les dénivelés entre les vallées et les plateaux sont moindres.
• Le cheval peut se contenter de la végétation basse des milieux de steppes. Les Causses jurassiques du Périgord et du Quercy, avec leurs sols peu profonds et leur drainage souterrain, ont dû être particulièrement propices à son développement au cours des périodes froides du Dernier Maximum Glaciaire : c'est dans de tels milieux que les populations de chevaux devaient avoir le moins de concurrence écologique de la part des ruminants. Mais là encore, la distribution observée ne correspond pas à la distribution attendue.
L'absence totale de restes de chevaux dans les sites du sud de la zone étudiée peut avoir plusieurs explications :
- absence du cheval dans la zone pendant la saison d'occupation des sites ;
- groupes humains de trop petite taille pour mener à bien des chasses aux chevaux ;
- existence de sites d'exploitation de cette espèces n'ayant pas été encore retrouvés (exploitation du cheval sur les sites d'abattage sur les plateaux).
Aires de répartition attendues du Cheval et du Bouquetin au Solutréen, d'après les adaptations éthologiques liées aux caractéristiques du milieu physique.Traits horizontaux : causses jurassiques où se développent des sols peu épais propices au
Cheval.
Traits verticaux : zone comprise entre 200 et 500 mètres d'altitude propice au développement du
Bouquetin.
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