PRINCIPE DE LA DÉTERMINATION DE LA SAISONNALITÉ D'OCCUPATION D'UN SITE.
► Présence ou absence de bois de cervidés, leur nature (bois de mâles, de femelles, bois de chute ou de massacre) :Le
bois de renne a constitué l’une des matières premières majeures exploitées par les populations paléolithiques en Europe.
Or, le renne (Rangifer tarandus) appartient à la famille des Cervidés, définie par la présence de bois, protubérances crâniennes osseuses annuellement caduques. Il est le seul cervidé chez qui les femelles, comme les mâles, portent des bois, mais ceux du mâles sont plus développés. Les bois tombent chaque année et repoussent pour atteindre leur maximum de développement au moment du rut. La croissance des bois, qui commence au printemps, se développe de façon continue sur une année.
Une ramure se compose de deux bois dont le poids peut dépasser la dizaine de kilos chez un mâle adulte pour quelques kilos seulement chez la femelle.
Nomenclature descriptive des différentes parties d’un bois de renne.
in Aline Averbouh, « Recherches autour des critères d’identification sexuelle des bois de renne », Les nouvelles de l'archéologie, n° 141, 2015. Ils connaissent un cycle de développement annuel s’achevant par leur chute.
"Chez les mâles adultes la croissance des bois débute vers la fin de l’hiver/début du printemps pour s’achever après le rut, au début de l’hiver suivant.
Les bois des femelles entament leur pousse au début de l’été pour s’achever au printemps, après la mise bas en cas de gestation.
Chez les individus adultes en bonne santé, la croissance des bois est rapide (environ 4 mois) offrant ainsi une matière première de bonne qualité plusieurs semaines avant leur chute ; cela a parfois conduit les groupes préhistoriques à exploiter des bois de massacre, même si leur choix s’est porté de façon très majoritaire sur les bois de chute" (Aline Averbouh, 2015).
Ainsi, l'étude des bois de rennes permet de déterminer, de façon approximative, l'âge de l'animal lors de son abattage, et donc la saison de l'abattage.
► Analyse des dents.
• L'éruption des dents et leur degrés d'usure (dents de lait / dents définitives) permet d'estimer l'âge des animaux chassés.
"Les dents sont les restes squelettiques les plus résistants aux ravages du temps et sont communes dans les assemblages archéologiques. La séquence chronologique de la sortie des lactéales puis des définitives est connue pour un grand nombre d’espèces et peut être utilisée pour estimer l’âge d’un individu, à quelques mois près parfois, et donc la saison de mort lorsque la date de naissance est clairement fixée. L’usure continuelle des dents actives est également un processus corrélé avec l’âge. Sous certaines conditions et à partir de variables comme la hauteur dentaire ou l’aspect changeant de la table occlusale, cette relation peut être modélisée de façon à obtenir des estimations de l’âge suffisamment précises pour être situées dans le cycle annuel" (Gourichon, 2004).
Exemple : dentition du Cheval en fonction de l'âge.A l’âge adulte, le cheval mâle a 40 dents et 36 dents pour la jument. Les dents poussent continuellement de 4 à 5 mm par an jusqu’à environ 12 ans.
Cependant, cette détermination n'est en fait réellement fiable que pour les tous premiers mois qui suivent la naissance, l'âge est ensuite évalué là encore de façon approximative : en effet, cette technique présente des inconvénients inévitables comme la variabilité parfois importante de la vitesse d’usure chez une même espèce selon l’origine géographique des populations, ou la définition subjective de certains critères descriptifs.
• La cémentochronologie est l'étude des anneaux de cément des dents.
Le cément, qui est moins minéralisé que la dentine et l’émail (majoritaires de la dent), est une forme particulière de tissu conjonctif calcifié . Sa distribution est variable mais il est normalement présent sur les racines dentaires de tous les mammifères.
La fabrication du cément est continue toute la vie de l'animal, mais présente des différences histologiques selon la saison : ce phénomène d’alternance coïncide généralement avec le rythme des saisons, ou du moins avec un cycle annuel (même si des perturbations occasionnelles, comme des maladies par exemple, peuvent modifier la cémentogénèse).
Ainsi, le nombre de couches de cément permet de déterminer l'âge de l'animal, et la dernière couche de cément à s’être déposée permet de connaître la saison durant laquelle l’animal est mort.
→ La Cémentochronologie est une méthode de plus en plus utilisée pour reconstituer la saisonnalité de prédation des animaux présents sur les sites archéologiques.
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