LES DIFFÉRENTES ÉTAPES DU TRAVAIL DES PEAUX.
► Dépouillage.Dans un premier temps, il convient d'éliminer les parties qui ne sont pas utilisables par la suite, tels que les cornes, les sabots, les oreilles ou la queue (Braguier, 2000).
D'après de Beaune (1995), les solutréens commençaient par "dépouiller l'animal à l'aide d'un outil tranchant, couteau de silex ou simple lame non retouchée". La peau était vraisemblablement "fendue le long de la ligne [médiane ventrale], du menton à la queue, et sur la face [médiale] des membres jusqu'à leur extrémité" (ibid.)
Selon Lompré et Négroni (2006), cette opération est vraisemblablement réalisée par « arrachage ».
► Raclage.Après avoir trempé les peaux dans de l'eau pour les débarrasser des matières qui les souillent, comme le sang ou la terre, il faut racler les peaux. Le raclage, ou écharnage, consiste à racler la face interne de la peau pour la débarrasser des chairs et des graisses résiduelles.
Pour cela, les solutréens utilisaient sans doute les outils en silex appelés Grattoirs ou Racloirs, que B. et G. Delluc définissent comme des "éclats transformés par des retouches, sur un bord ou sur les deux, en un outil tranchant et robuste ; il peut servir aussi bien à racler qu'à couper" (in Piel-Desruisseaux, 1986).
D. de Sonneville-Bordes et J. Perrot décrivent treize types de grattoirs, parmi lesquels les types suivant ont été retrouvés sur les sites solutréens charentais :
GRATTOIRS, Le Roc-de-Sers,
in Tymula, L'art solutréen du Roc-de-Sers, 2002.
► Séchage.L'humidité contenue dans la peau provoque une putréfaction naturelle. Il faut donc sécher les peaux, en général à l'air libre, la peau étant soit tendue sur un cadre en bois, soit clouée au sol. Pour faciliter le séchage, on peut appliquer de l'ocre ou encore des cendres sur les peaux.
► Raclage de l'hypoderme.Cette étape permet de
réduire la peau au derme.
► Epilage.Cette étape est facultative, et dépend de l'utilisation future de la peau.
► Tannage.Cette technique de conservation consiste à "enduire la peau de substances destinées à l'imperméabiliser et à la protéger contre la vermine et la putréfaction" (de Beaune, 1995). Ces substances tannantes ou tanins, doivent imprégner les fibres de la peau pour les rendre imputrescibles, tout en lui permettant de conserver son élasticité.
De nombreuses techniques de tannage sont possibles : le tannage à la graisse, le tannage végétal (chêne, aulne, bouleau...), le tannage à la fumée.
► Le carroyage.Une fois sèche et propre, une peau a tendance à se raidir, ce qui n'en facilite pas l'utilisation. C'est pourquoi il faut l'assouplir sans toutefois briser les fibres dermiques. Le carroyage consiste à "aplatir, égaliser, assouplir le cuir en le frottant avec un lissoir ou un grattoir, et éventuellement en le martelant avec un galet" (De Beaune, 1995).
Pour Lompré et Négroni (2006), "il s'agit de loin l'étape la plus longue et pénible"
Illustrations du travail des peaux : Lompré et Négroni (
La complémentarité des outillages lithiques et osseux via la tracéologie).